En santé environnementale nous faisons le lien entre l’état de santé de l’Homme mais également celui de l’environnement. L’état de santé est déterminé par plusieurs facteurs notamment environnementaux souvent liés à l’activité humaine. L’origine des maladies n’est pas seulement dû à notre génétique, mais également à tous les facteurs qui nous entourent. Il existe trois classes de polluants : physique (exposition aux champs électromagnétiques, wifi, micro-ondes, fibres d’amiante, plomb etc.), chimique (exposition aux substances chimiques synthétisées dans nos cosmétiques, alimentation etc.), biologique (exposition aux pollens, poils, acariens, moisissures etc.) et des facteurs sociaux & psychosociaux (conditions de travail, de logement, stress chronique etc.).
Les objectifs ultimes sont de prendre soin de notre planète, de notre santé et de la biodiversité. Nous parlons du concept « One Health », ou encore « une seule santé », entre l’animal, l’humain et la biodiversité.
De nombreux composés libérés dans l’environnement par les activités humaines sont capables de dérégler le système endocrinien des animaux, y compris l’Homme. Les conséquences de tels dérèglements peuvent être graves, en raison du rôle de premier plan que les hormones jouent dans le développement de l’organisme. Nous allons tout d’abord comprendre l’histoire des perturbateurs endocriniens, puis, dans un second temps, les effets sur l’environnement et la santé ainsi que les alternatives pour les éviter.
Histoire des perturbateurs endocriniens
C’est à partir de 1950, après l’explosion de l’industrie chimique que de nombreuses molécules chimiques arrivent sur le marché.
C’est en 1991, grâce à une zoologiste épidémiologiste américaine, Théo Colborn, que le terme de « perturbateurs endocriniens » voit le jour. Elle rassemble des scientifiques afin d’étudier les effets des produits chimiques sur les hormones et publient l’appel de Wingspread afin de déposer un programme de recherche. A cette époque, ils alertaient déjà sur les dangers de ces molécules sur l’Homme et l’environnement.
En 2002, l’OMS définit, les perturbateurs endocriniens comme « des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets néfastes sur cet organisme ou sur ses descendants. »
Nous pouvons retrouver des perturbateurs endocriniens dans divers objets du quotidien : plastiques, vêtements, produits cosmétiques, produits ménagers, jouets, alimentation etc.
Ces substances sont souvent ajoutées en vue de conserver, assouplir un plastique ou encore comme retardateurs de flamme.
Toute perturbation du système endocrinien d’un organisme en formation peut altérer son développement et les effets sont habituellement irréversibles.
Tout comprendre sur les perturbateurs endocriniens
Le système endocrinien sert à réguler plusieurs fonctions du corps humain telles que le sommeil, la tension ou encore le taux de sucre. Par exemple, le pancréas est une glande endocrinienne aussi appelée récepteur qui synthétise des hormones, comme l’insuline. Ces dernières sont des messagers, qui vont gérer notre taux de sucre dans le sang.
Les perturbateurs endocriniens sont appelés ainsi car ils vont aller se fixer à la place des hormones et BLOQUER ou IMITER leurs actions. Ces substances sont très préoccupantes car même à faible dose, elles peuvent avoir des effets néfastes sur la santé, particulièrement chez les personnes vulnérables (femmes enceintes, fœtus, bébé, adolescents). Ces expositions vont créer des déséquilibres et vont provoquer des perturbations de notre système endocrinien.
Quelques noms de molécules…
On parle souvent des composés organochlorés, persistants, ils vont s’accumuler dans les chaînes alimentaires ; certains pesticides (fongicides, herbicides et insecticides) et produits chimiques.
On retrouve également ces substances en tant qu’agent antibactérien dans certains dentifrices par exemple, comme le triclosan.
Il existe également les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) issus principalement de la combustion, les alkylphénols, substances présentent dans les détergents, produits de nettoyage, les insecticides comme le Lindane ou encore le DEET (N, N-diéthyl-3-méthylbenzamide) qui est un répulsif anti-moustique le plus utilisé dans le monde, les parabènes etc.
Réglementations nationales et régionales
Au niveau national, des « Stratégies Nationales sur les Perturbateurs Endocriniens » (SNPE) sont créées depuis 2014. La France a été pionnière en la matière en créant un premier plan (SNPE 1) de 2014 à 2016 suivi d’un 2ème de 2019 à 2024. Ces plans permettent d’étudier les conséquences de certaines substances et appliquer des principes de précautions. C’est comme ceci que l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a établi une liste de 906 substances présentant des propriétés de perturbation endocrinienne potentielle dont 16 prioritaires devant faire l’objet d’une évaluation de leur danger. L’ANSES a ainsi interdit le Bisphénol A à partir de 2015 dans tous les contenants alimentaires.
Sur le plan Régional, certaines villes comme Toulouse ont signé une « Charte Villes et Territoires sans Perturbateurs Endocriniens » mise en place par le Réseau Environnement Santé depuis mars 2019 pour lutter contre l’exposition aux perturbateurs endocriniens. En novembre 2024, le plan « zéro plastiques » dans les cantines devraient répondre à ces attentes ainsi qu’à la loi Egalim.
Dans le prochain article nous détaillerons les effets des perturbateurs endocriniens sur l’environnement et la santé et les alternatives pour limiter son exposition.
Contact : Lisa Bonal – VSC & Léonie Wolck – Chargée de coordination Santé Environnement
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