Le projet Explore2, mené par l’INRAE et l’Office International de l’Eau (OiEau), dresse un portrait contrasté de l’évolution des ressources en eau en France à l’horizon 2100. En s’appuyant sur les données du GIEC, les scientifiques ont mis en évidence des bouleversements majeurs qui pourraient impacter tout le territoire, avec des conséquences pour le Sud-Ouest et les Pyrénées.
Une méthodologie fondée sur des scénarios climatiques robustes
Pour anticiper les impacts du changement climatique, le projet Explore2 s’appuie sur les scénarios du GIEC, notamment les projections issues des scénarios RCP (Representative Concentration Pathways). Deux projections principales ont été étudiées : le scénario intermédiaire RCP4.5, qui suppose une réduction progressive des émissions de gaz à effet de serre, et le scénario pessimiste RCP8.5, où les émissions continuent d’augmenter fortement. Ces simulations permettent de mieux cerner les variations futures des températures, des précipitations et de la disponibilité en eau, avec des implications directes pour la gestion hydrologique du territoire.
Le projet Explore2 a ainsi développé quatre narratifs illustrant la diversité des futurs possibles sous le scénario de fortes émissions en fin de siècle :
- Le narratif vert : un réchauffement marqué accompagné d’une augmentation des précipitations.
- Le narratif jaune : des changements futurs relativement modérés.
- Le narratif violet : un fort réchauffement associé à de forts contrastes saisonniers en précipitations.
- Le narratif orange : un fort réchauffement avec un assèchement marqué, notamment en été.
Deux horizons temporels ont été considérés pour ces projections : 2041-2070, appelé « milieu de siècle », et 2071-2100, appelé « fin de siècle ». Ces approches permettent de mieux anticiper les défis à court et long terme pour l’adaptation des territoires.
Des températures en forte hausse
Sous le scénario de fortes émissions, tous les narratifs s’accordent pour dire que la France pourrait enregistrer une hausse moyenne des températures très importante d’ici la fin du siècle. Celle-ci pourrait atteindre une moyenne annuelle +4°C par rapport à la référence (1976-2005), et serait légèrement plus marquée en été (+4.5°).
Des précipitations contrastées selon les saisons
Les projections indiquent une évolution contrastée des précipitations selon les saisons. En hiver, une augmentation est attendue, pouvant aller de +10 à +45 % selon les régions, ce qui pourrait influencer la recharge des nappes phréatiques et des cours d’eau. En été, une diminution marquée des précipitations est anticipée, particulièrement dans le Sud-Ouest, où les modèles indiquent des baisses pouvant atteindre 50 %. Cette évolution pourrait se traduire par une réduction de l’apport en eau durant l’étiage, impactant ainsi la disponibilité des ressources hydriques.
Des modifications du régime des rivières
Les prédictions sur l’évolution des débits des cours d’eau présentent de fortes incertitudes, en raison de la variabilité des modèles et des interactions complexes entre précipitations, températures et usages de l’eau.
Les cours d’eau pourraient néanmoins connaître des transformations importantes. En hiver, certains modèles prévoient une augmentation des débits allant jusqu’à +10 % sur certaines rivières, tandis que d’autres rivières, notamment en plaine dans le Sud-Ouest, pourraient enregistrer une baisse de -10 %. En été, une diminution moyenne des débits de -30 % est envisagée, pouvant aller jusqu’à -50 % dans certaines zones pyrénéennes.
Une augmentation des événements climatiques extrêmes
Les projections indiquent une augmentation des événements climatiques extrêmes, qui pourraient affecter les ressources en eau sous différentes formes. Les épisodes de sécheresse, qu’ils soient climatiques, météorologiques ou hydrologiques, pourraient devenir plus fréquents et plus intenses. Actuellement, environ 10 % du territoire hexagonal est touché par des sécheresses météorologiques décennales ; cette surface pourrait doubler d’ici 2100. Dans le Sud-Ouest, la fréquence de ces épisodes pourrait être multipliée par trois à cinq. Les assecs en tête de bassin devraient également progresser, ils pourraient être plus long, plus précoces, avec un retour en eau retardé.
Par ailleurs, les fortes précipitations journalières et les épisodes de crues pourraient également être plus marqués. Certains modèles indiquent une intensification des précipitations sur de courtes périodes, ce qui pourrait accentuer le risque d’inondations. Cette variabilité accrue des régimes hydrologiques souligne l’importance d’anticiper ces évolutions pour la gestion des ressources en eau.
Les évolutions projetées posent des questions sur l’adaptation des stratégies de gestion de l’eau. L’amélioration des infrastructures, l’optimisation des usages et la prise en compte des changements climatiques dans la planification des ressources sont autant de pistes étudiées par les experts. Le rapport Explore2, disponible sur le site de l’INRAE, constitue une base essentielle pour mieux comprendre ces évolutions et accompagner les réflexions sur la gestion de l’eau face aux défis climatiques à venir.

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