Le 9 décembre 2024 à Toulouse, FNE Occitanie Pyrénées organisait une journée de formation proposée au grand public et à son réseau de bénévoles, grâce à l’expertise d’intervenant.e.s universitaires, avec pour objectif une meilleure compréhension des interactions entre les sols et la ressource en eau et ses cycles.
Après une ouverture de la journée par Cécile Argentin, Présidente de FNE Occitanie Pyrénées et Julien Klotz, conseiller départemental, délégué à l’énergie et aux politiques cyclables, rappelant l’engagement du département dans la bifurcation écologique, un riche programme a rythmé cette journée, d’une matinée sur l’état naturel des sols à un après-midi sur leur état anthropisé, les menaces et solutions.
Ainsi, abritant ¼ de la biodiversité terrestre et les micro-organismes à la base de toutes les interactions alimentaire, essentiels au cycle de l’eau, qu’ils filtrent, épurent, stockent, fondamentaux pour le stockage du carbone et la régulation du climat… les sols sont à la base de la Vie et de la biodiversité !
Comment se forment-ils ?
Zoom sur la pédogenèse, processus de formation des sols
Intervention de Priscia OLIVA, Maître de conférences en sciences du sol à UT3
Formé à l’interface de l’atmosphère, la lithosphère, la biosphère et l’hydrosphère, le sol est un assemblage de particules minérales et organiques qui génère de la porosité. Sa formation est dépendante du climat, du relief, de la présence d’organismes, des roches parentales et du temps.
La pédogenèse se base d’une part sur l’altération minérale (la dégradation de la roche mère à la surface de la Terre) : à travers l’hydrolyse des minéraux primaires en minéraux secondaires (quartz, argiles et oxydes). L’eau est ainsi le principal agent d’altération de par ses propriétés de polarité et de dissociation qui la rendent très réactive.
D’autre part, elle se base sur la dégradation de la litière par les micro-organismes en matière organique humifiée stable, dépendante de la végétation et du climat.
Les transferts de matières constituent la troisième voie de formation des sols ; ils peuvent être liés au relief (érosion, perte ou gain de matière en surface) et à l’hydrologie (excès ou manque de drainage).
Le cas particulier des zones humides
Intervention de Jacques THOMAS, Fondateur des coopératives du Groupe Eïwa
Les zones humides sont caractérisées notamment par la présence d’eau de manière permanente ou temporaire (mais abondante et récurrente) sur un sol. Cette eau peut provenir du transit d’une nappe superficielle ou perchée, d’accumulation d’eau dans des dépressions, de débordements de nappes, et de l’eau de pluie. Comment cette présence d’eau influence-t-elle la composition du sol ?
Cette saturation temporaire ou permanente en eau freine les échanges gazeux entre le sol et l’atmosphère et peut notamment entraîner un déficit plus ou moins prolongé en oxygène, modifiant la composition du sol. Ainsi, la présence d’eau et d’une anoxie temporaire induit des phénomènes d’oxydo-réduction et de lixiviation des minéraux (argiles, fer, manganèse) dans les sols minéraux (redoxisols et reductisols) et le blocage de la minéralisation et l’accumulation de matière organique dans les sols organiques (tourbes et histosols).
Qu’en est-il des sols urbains : quels impacts et quelles solutions ?
Intervention de Camille DUMAT, Professeur en sciences du sol et risques environnementaux à l’ENSAT
L’artificialisation, la dégradation et les pratiques induisant l’érosion du sol dégradent sa qualité et l’empêchent de remplir ses fonctions écologiques que sont principalement la régulation du cycle de l’eau, le potentiel agronomique, le stockage de carbone et la biodiversité.
Utilisateurs du sol, agriculteurs, collectivités, industriels, jardiniers, nous toustes avons la responsabilité collective de protéger les sols vivants, d’entretenir, restaurer les sols, en favorisant l’usage de pratiques durables telles que l’agroécologie, l’application de l’objectif ZAN (Zéro Artificialisation Nette), l’optimisation des bienfaits de la nature en ville, etc .
Des leviers juridiques
Intervention d’Amélie RASTOLL, doctorante en droit de l’environnement à UT1
D’un point de vue juridique, malgré un droit supranational non contraignant et une appréhension juridique des sols en tant que milieu encore embryonnaire, certains outils juridiques peuvent constituer des leviers en faveur de la protection des sols tels que les obligations réglementaires liées aux sites et sols pollués ou encore l’objectif ZAN introduit par la loi « Climat et résilience ».
Et qu’en est-il des sols agricoles ?
Intervention de Jean-Pierre SARTHOU, Professeur d’agronomie-agroécologie à l’ENSAT
Les principales menaces qui pèsent sur les sols agricoles sont l’érosion hydrique et éolienne, les pollutions chimiques, la perte de matière organique et la salinisation. Entraînant une perte globale de plus de 20 Mds de t/an de sols agricoles, l’érosion représente une des menaces les plus importantes.
La perte de matière organique est également lourde de conséquences : travail du sols et apport d’engrais trop conséquents, compaction, défaut d’apport de matière organique… de nombreux facteurs sont à l’origine d’une perte de fertilité des sols, d’une réduction de leur l’infiltrabilité , et d’une augmentation du ruissellement de surface et de l’érosion.
Une reconstitution du stock de matière organique et de la porosité des sols est nécessaire à travers des pratiques telles que l’apport de résidus de cultures, d’effluents d’élevage, la mise en place de couverts végétaux, le non travail du sol en continu, entre autres. L’agriculture de conservation des sols (ACS) peut répondre aux enjeux des changements climatiques tout en ralentissant l’érosion, et régénérant les sols.
Une journée riche en expertises et en perspectives, nous remercions vivement les intervenant.e.s
Cette journée dynamique et engagée, à la croisée des expertises scientifiques, techniques et juridiques, a permis d’appréhender toute l’importance d’une gestion des sols permettant leur conservation, leur régénération et une meilleure considération de leur caractère essentiel à la Vie et à la biodiversité !
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