Les conséquences du réchauffement climatique sur nos sols agricoles appauvris étaient prévisibles mais non anticipées. Nous atteignons même déjà les prévisions pour 2030.
Dans tous les départements des commissions sécheresse se réunissent et partout les réactions sont identiques :
Certains ne voient pas l’intérêt de respecter les mesures d’interdiction de prélèvement, en passant outre la solidarité amont-aval, alors que dans bien des départements certains habitants et troupeaux consomment, par le jeu de l’interconnexion des réseaux, l’eau potable venant d’autres bassins ou départements.
D’autres pensent que l’eau des rivières ne sert qu’à irriguer, alors que lorsqu’elle est prélevée en cours d’eau, le niveau baisse en aval, la température augmente et sa potabilisation, en amont de certaines villes devient de plus en plus difficile. Il est en outre indispensable de maintenir certains débits pour la salubrité publique, les besoins de dilution des rejets de stations d’épuration étant bien réels.
À ceux qui voient « LA solution » dans la mise en œuvre de retenues ou « bassines », rappelons que dans ces dispositifs de stagnation, l’eau s’évapore, sa température augmente considérablement : plus de 6 degrés entre entrée et sortie de certaines retenues. Les conséquences sur l’écosystème en aval sont nombreuses : la survie de la faune piscicole menacée, le manque d’oxygène, l’accumulation d’algues, voire de cyanobactéries, condamnent tous les usages. Plusieurs années sont nécessaires au remplissage de certains lacs, ainsi, pouvons nous réellement nous permettre de remplir encore des retenues ? Ces dernières ne peuvent pour des raisons de calendrier avoir le rôle d’écrêteurs de crues, et la mise en œuvre du multi-usages dans leur élaboration reste aujourd’hui une promesse non tenue.
Depuis des décennies, tout les ingrédients mis en œuvre pour en arriver à ce constat :
- La moitié des zones humides en France a disparu entre 1960 et 1990, alors qu’elles sont le meilleur moyen de stocker l’eau, ce sont des « éponges à retardement » que nous avons sacrifiées.
- Le recalibrage des cours d’eau et rivières, la destruction des ripisylves ( végétations des bords de rivières), l’urbanisation et l’artificialisation des sols empêchent le transit naturel et efficace des eaux dans les sols.
- Ces modifications, associées au remembrement, au drainage de surfaces considérables qui assèchent les sols pour irriguer des territoires agricoles toujours plus gourmands en eau, ne font qu’accentuer les pénuries d’eau et les dégâts écologiques. Sans être ralentie, retenue, l’eau circule trop vite pour être absorbée et s’infiltrer afin de s’impliquer dans la vie du sol et la recharge des nappes phréatiques. Simultanément, nous assistons à une augmentation des températures, nous ne pouvons alors plus satisfaire les besoins en eau pour maintenir des niveaux d’étiage suffisants : nos rivières et cours d’eau, sans ce seuil du débit minimum biologique, se meurent, leurs écosystèmes avec.
La ressource en eau n’est pas inépuisable, nous devons revoir nos besoins et nos modes de cultures et consommation.
La profession agricole reconnaît elle-même que, malgré la disponibilité de l’eau et les matériels d’irrigation performants, un effondrement des rendements est à prévoir sur les cultures irriguées, maïs grain, maïs semence, soja. Ces constats confirment la nécessité de tirer les enseignements d’une situation climatique qui ne peut que se reproduire. Cela appelle à l’adaptation des choix de végétaux cultivés, à des semis plus précoces, et au changement des pratiques culturales avec la généralisation des pratiques agro-écologiques et le soin des sols…
Les associations environnementales continuent d’alerter sur la nécessité de rétablir l’équilibre en restaurant les écosystèmes plus résilients. Lorsque l’irrigation représente 80% des besoins en eau en période d’étiage, que les seuils de débit minimum biologique ne sont plus atteints et que l’eau potable vient à manquer, nous devons impérativement TOUS réfléchir et adapter nos usages et consommation d’eau.
Référence : plan national de restauration des milieux humides 2022 / 2026 https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/plan_national_milieux_humides.pdf
Contact : Cécile Argentin, Présidente de FNE Midi-Pyrénées – 06 18 63 75 33
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