Le samedi 19 mars dernier, le Forum des Mobilités a réuni une soixantaine de participants citoyens de la métropole, membres d’associations ou élus.
Les organisateurs de cet événement, Alternatiba, les Amis de la Terre, l’AUTATE, Axe Vert de La Ramée, les Faiseurs de Ville, 2 Pieds 2 Roues et France Nature Environnement – Midi Pyrénées, ont tiré un premier bilan de cette initiative, avec de nombreux points positifs :
- la collaboration entre plusieurs organisations et individus,
- la richesse des échanges et des productions,
- la fréquentation, malgré un calendrier chargé,
- le territoire considéré dans la réflexion, qui s’étend à l’ensemble de l’agglomération toulousaine, incluant les deuxième et troisième couronnes de Toulouse, principalement impactées par les difficultés de mobilités
Alors que le bilan à mi-parcours du Plan Climat de notre métropole est largement en deçà des
objectifs et que nos décideurs ne semblent pas prendre la mesure de l’urgence, les citoyens et associations réunis veulent montrer que des solutions concrètes, élaborées démocratiquement, peuvent être rapidement mises en place, tout en respectant les contraintes climatiques (émissions de gaz à effet de serre), sociales (ZFE…), sanitaires (pollution de l’air, bruit), économiques (coût des carburants) et énergétiques (dépendance aux énergies fossiles).
La 3e ligne de métro, maintes fois annoncée et sans cesse décalée, siphonne petit à petit l’ensemble des budgets de la ville et son budget n’aura de cesse d’augmenter avec le coût des
matières premières. Le Réseau express vélo (REV) a été à nouveau repoussé, de 2026 à 2030.
Les prolongements des lignes de bus structurantes au-delà de la périphérie sont maintenant repoussés après l’entrée en service de la 3e ligne. De façon surprenante, seuls les grands projets routiers trouvent encore des financements qui se chiffrent pourtant en centaines de millions d’euros.
L’agglomération toulousaine est entrée dans un cercle vicieux : davantage de voies routières, davantage de voitures, davantage de bouchons, davantage de pollution, moins de budgets pour les transports en commun et les modes doux.
Il est pourtant bien connu que dans le domaine de la mobilité, l’offre crée la demande. C’est un cercle vertueux qu’il faut enclencher de toute urgence pour répondre aux messages des scientifiques du climat et anticiper les risques géopolitiques : moins de voies routières, plus
d’espace pour développer les modes alternatifs, moins de voitures, moins de bruit et de pollution en ville, davantage de confort de vie… Nos habitudes de déplacements doivent changer et nos élus et décideurs doivent avoir le courage politique de lancer le mouvement par des mesures fortes.
La typologie des 115 propositions recueillies lors de ce forum fait apparaître trois champs
d’action qui doivent être coordonnés pour enclencher une véritable révolution des mobilités :
- l’évolution de l’offre de modes de transports pour offrir toujours plus d’alternatives à la voiture individuelle,
- l’aménagement du territoire pour adapter l’urbanisme, le tissu économique et les services de proximité aux nouvelles contraintes (réduction des émissions, zéro-artificialisation, protection de la biodiversité) et créer des réseaux d’infrastructures propres à chaque mode de transport,
- l’accompagnement des changements de comportements, autant au niveau des habitants que des élus, au travers d’actions de sensibilisation et par la réorientation des budgets de la collectivité.
Les organisateurs ont souhaité mettre en avant 10 propositions qui pourraient faire l’objet d’une mise en place rapide de la part de la Métropole :
- Rediriger vers les transports en commun et la réalisation d’infrastructures cyclables les budgets actuellement prévus pour la réalisation de nouveaux projets routiers (Jonction Est, Boulevard urbain du Canal de Saint-Martory…)
- Rééquilibrer l’offre de transports en commun sur l’ensemble de l’agglomération, en développant de nouvelles lignes Linéo et un véritable RER pour proposer aux usagers des moyens de transports cadencés toutes les 15 minutes, 7 jours sur 7, de 6h à minuit. C’est ce qu’a commencé à faire Bordeaux avec son plan de RER métropolitain.
- Intégrer l’ensemble des solutions de transports en commun de l’agglomération dans une offre et une tarification unique (bus, métro, train, vélos en libre service) comme cela existe dans l’agglomération parisienne.
- En lien étroit avec les objectifs de santé publique et de lutte contre la sédentarité, reconnaître la marche comme un mode de transport à part entière en élaborant, après diagnostic, un véritable plan piéton pour la métropole. Les premiers objectifs de ce plan pourraient être la piétonnisation des abords des écoles (aménagement de “rues scolaires” comme à Cugnaux) et la séparation entre les flux piétons et les flux de véhicules (vélos et voitures).
- Accélérer le déploiement d’un réseau de véritables pistes cyclables grâce à l’urbanisme tactique en prenant sur les voies réservées aux véhicules motorisés. Cela pourrait commencer par une piste cyclable à double sens dédiée sur l’ensemble du parcours du Canal du Midi comme cela a commencé à être fait sur le boulevard Monplaisir.
- Réduire les vitesses de circulation à 30 km/h en ville et à 70 km/h sur la rocade et les faire respecter pour plus de sécurité, pour faire baisser la consommation de carburant et la pollution atmosphérique comme le préconise l’Agence Internationale de l’Énergie. Une telle mesure a déjà été mise en place sur la RN 124 en 2020.
- Favoriser la pratique du partage de véhicule en réservant une voie de la rocade pour le covoiturage comme à Lyon et en investissant dans les coopératives d’autopartage à l’image de la Métropole de Strasbourg.
- Sensibiliser largement les habitants en mettant à contribution l’ensemble des acteurs du territoire (entreprises, commerçants, école, collèges, lycées, associations, clubs sportifs…) pour qu’ils intègrent les contraintes de mobilité dans leurs opérations quotidiennes et proposent des mesures réellement incitatives avec le soutien des collectivités.
- Encourager l’évolution des comportements en rétablissant la journée sans voiture et en proposant des journées de gratuité des transports en commun comme à Montpellier.
- Généraliser le stationnement résident à l’ensemble de la ville et affecter ses recettes au financement des modes de transports alternatifs.
Nos associations sont disponibles et volontaires pour travailler avec Toulouse Métropole à une mise en œuvre rapide de ces propositions. Un nouveau Plan de Déplacement Urbain doit être élaboré avec l’ensemble des acteurs concernés et en cohérence avec les autres plans (PLU, PCAET, PPA, SCoT…).
Crédit Photo : ©Estelle Ben-mghira
Contacts
- Nicole ASENCIO (AUTATE et FNE-MP) : 06.86.59.71.41
- Raphaël ANDRE (Faiseurs de Ville) : 06.50.90.85.38
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