Dimanche 6 février 2022 près de 1 000 personnes sont venues défendre les rives du lac de Montbel, en Ariège, contre un projet touristique de luxe. La manifestation était soutenue par nos associations membres, dont APRA le Chabot.
Prise de parole du président de l’Association « Le Chabot »
Le lac de Montbel, créé dans les années 80 pour l’agriculture, a toujours rempli sa mission : il n’a jamais manqué d’eau et jamais la réserve du lac à niveau constant n’a été utilisée. C’est pourquoi nous sommes opposés au très inutile projet de détourner le Touyre pour garantir le niveau du lac. Au fil des années, la nature s’y est installée. La végétation, les oiseaux, toute cette petite faune discrète, ont fait de cette partie du lac un écrin de nature, un berceau de vie. Encore peu organisée, la découverte du lac méritait un projet raisonnable. Et nous avons été servis : Loin d’envisager la protection du site, et son équipement pour permettre au plus grand nombre d’en découvrir la richesse et la beauté sans le déranger, nos élus locaux veulent le faire aménager pour en réserver l’accès aux plus fortunés, en l’artificialisant tel un parc d’attraction. Et c’est pour ne pas risquer de devoir puiser dans le lac à niveau constant qu’ils veulent détourner le Touyre !
Non seulement ces élus locaux méprisent l’intérêt général de ceux qui les ont élus au profit d’intérêts privés mais en plus ils ne tiennent pas comptes des centaines d’espèces de plantes et d’animaux qui vivent ici, si tant est qu’ils en aient jamais entendu parler. Nous avons eu, au début du mois, une réunion avec la préfète de l’Ariège. Elle nous a suggéré de négocier des aménagements avec la société privée concessionnaire. Nous lui avons fait remarquer que nous n’avons rien à dire ces gens mais que nos interlocuteurs sont à la comcom du Pays de Mirepoix. Et qu’y a-t-il à aménager ? Nous avons tous exprimé clairement notre rejet de ce projet touristique, notre volonté de poursuivre devant les tribunaux et notre souhait que le lac à niveau constant reçoive enfin un statut de protection. Il suffit de parcourir l’excellent Atlas de la Biodiversité Communale de l’ANA pour s’en convaincre. C’est pourquoi, le Chabot est ici aujourd’hui pour montrer son opposition à ce projet mais également – avec les autres APNE – dans les tribunaux pour défendre nos droits à une nature protégée et exiger le respect de la loi. Ne lâchons rien !
Intervention du porte-parole de notre association « le Chabot »
Il n’y a pas deux natures : une réservée à ceux qui auraient les moyens de se « ressourcer » dans le luxe au mépris des espèces en danger et des espaces naturels, l’autre pour l’immense majorité, cantonnée aux marges, subissant de plein fouet la crise environnementale et sociale. C’est pourtant ce qui se prépare ici à Montbel : une nature à deux vitesses, deux lacs pour enrichir une poignée d’affairistes qui s’exonèrent des contraintes environnementales. Et quand Mme la Préfète s’en remet à la bonne volonté des porteurs du projet Coucoo pour faire, ou ne pas faire, les demandes d’autorisation de destruction d’habitats et d’espèces, normales en pareil cas, Gaspard et Emmanuel lui donnent immédiatement leur réponse : nos deux grands écologistes n’en feront pas. Et pour cause : ils savent bien qu’avec plus de 130 espèces protégées et 50 en liste rouge, ils ne pourraient pas obtenir cette dérogation. Ce n’est pas cela qu’on attend du rôle de l’Etat. En vrai, il n’y a qu’une seule nature, c’est celle que vous êtes venus défendre aujourd’hui, une nature qu’il est encore temps de préserver des appétits financiers. Oui nous défendons une société respectueuse de son environnement parce qu’il n’y a pas d’avenir possible sans cela, pas d’avenir sans une nature dégagée de la loi du fric. Et nous le faisons envers et contre toutes les tentatives d’intimidation que nous recevons :
- Celle de Mr le Maire de Montbel qui « attire » notre attention sur les diverses dispositions règlementaires sanctionnant l’occupation du domaine public sans autorisation et qui fait état de son devoir de police pour faire respecter ces dispositions !
A celui-ci nous répondons : Le respect des procédures juridiques en cours, ainsi que le plus élémentaire respect de la démocratie citoyenne, veut qu’aucun début de travaux n’intervienne dans l’attente des décisions de justice à venir. C’est aussi cela que nos associations agréées attendent de la puissance publique que vous représentez. Force nous est de constater que, trop souvent, les projets d’aménagements sont réalisés avant toute décision de justice, mettant à mal sans vergogne les milieux naturels concernés, de manière irréversible. Les cas sont nombreux et nous ne citerons que certains des plus récents, celui du barrage de Sivens où la zone humide a été détruite, ou celui du barrage de Caussade dans le Tarn-et-Garonne construit en toute illégalité et sommé d’être détruit mais… toujours debout ! Et encore, plus près de nous, l’extension du domaine skiable de Bonascre, avec destruction d’une zone humide et d’une forêt centenaire qui abritait des espèces protégées, réalisée, elle aussi, malgré un jugement d’illégalité… Oui nous vous interpellons Mr le Maire sur le mépris des enjeux environnementaux qui peut amener des personnes à des actions pacifiques, pouvant paraitre illégales, mais qui relèvent de l’état de nécessité. - intimidation aussi, toute récente, de syndicats agricoles qui manifestent contre nous parce que nous défendons l’intérêt général, les milieux, les cours d’eau, la santé de tous, y compris la leur, pour une agriculture libérée des pesticides, une agriculture nourricière, une agriculture respectée car respectueuse des sols, des végétaux, des animaux et des humains . Leurs dirigeants ne disent rien alors que le projet Coucoo va les priver de 5 millions et demi de m3 d’eau initialement destinés au dépannage du lac à niveau variable en cas d’urgence. Tout cela pour faire du lac sud une boîte à touristes de luxe. Le comble, c’est que c’est encore l’argent public qui financera le détournement du Touyre pour compenser cette appropriation de l’eau du lac sud.
Nos associations rassemblées, Collectif à pas de loutre, FNE Midi Pyrénées, Nature en Occitanie, Comité Ecologique Ariégeois et APRA « le Chabot » sont là, avec vous, pour faire barrage à ces projets écocides. Oui nous avons raison de défendre tant qu’il est encore temps.
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