(Communes de Fabas, Saint-André, Salerm, Lilhac, Saint-Frajou)
La « finance responsable » du Crédit Agricole est-elle en train de détruire la forêt des sources du Touch alors qu’elle prône dans sa communication la protection de la biodiversité, des sols et le développement durable ?
Ce mercredi 29 décembre, presque une centaine de riverains, soutenus par les associations Nature Comminges et Vivre en Comminges se sont retrouvés au cœur de la forêt bordant le lac de Saint-André-Fabas, ils ont partagé leurs avis sur la gestion forestière qui y est pratiquée, fortement inquiétés par des coupes rases de plusieurs dizaines d’hectares défigurant la forêt. Ainsi, depuis mi-octobre, le bruit des engins forestiers résonne dans tous les villages alentours, 7 jours sur 7, même à Noël. Venue du Tarn une « abatteuse », tracteur forestier à huit roues muni d’une tronçonneuse sur bras articulé, fonctionne à plein régime de 7h du matin à 20h, avec éclairage la nuit.
Le Crédit Agricole, via sa filiale internationale de gestion d’actif Amundi, rémunère et défiscalise les nombreux associés des 3 groupements forestiers ayant acheté la forêt en 2012. Enrésinée sous couvert de feuillus il y a à peine 50 ans, les pins et les sapins Douglas sont encore très jeunes. Ici, les coupes rases remplacent les éclaircies de résineux et la régénération naturelle des arbres feuillus.
Les habitats naturels de nombreuses espèces sont détruits. L’écoulement de petits ruisseaux est interrompu par des rémanents de branches et des ornières. Des arbres creux, gîte du Pic noir et de chauves-souris sont coupés malgré la protection de ces espèces au niveau national. Des mares forestières se retrouvent au milieu d’un désert, même si les tritons et salamandres qui y vivent sont, eux aussi, protégés par la loi. Pourtant depuis 1988, l’ensemble de ce massif forestier de 800 ha est inscrit comme Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Floristique et Faunistique (ZNIEFF de type 1).
Le gestionnaire de la forêt, la Société Forestière de la Caisse des Dépôts et Consignations, explique régulièrement aux élus que « Soucieux de l’environnement, nous sommes engagés dans une démarche de gestion durable des forêts, adaptée aux effets du changement climatique. Le renouvellement des peuplements est l’une de nos priorités. Les massifs que nous gérons sont éco-certifiés PEFC ». L’entreprise est aussi labellisée « entreprise engagée pour la nature » par l’État et l’Office National de la Biodiversité.
Les participants à la marche ont parcouru le « chemin de la verrerie », ils ne verront plus la maison à colombages de la « verrerie », gîte à chauve-souris, rasée en août dernier, mais ont pu voir les immenses tas de bois près à partir début janvier 2022. C’est environ 8000 m3 de bois qui devraient être sortis cette année par les 2 à 3 personnes du Tarn travaillant sur le chantier pour le compte d’une grosse scierie de la Corrèze, pour eux c’est un chantier exceptionnel en volume et en intensité. Ici il n’y a donc aucun acteur vraiment local dans toute la filière, pourtant Amundi (groupe Crédit Agricole) se dit aussi « précurseur sur les sujets sociétaux » et « favorisant les projets à impact social positif » « financer la transition énergétique et la cohésion sociale » en s’engageant dans les placements « responsables ».
Le Crédit Agricole affirme quant à lui avec son slogan du moment « Agir Chaque jour dans votre intérêt et celui de la société » et affiche dans toutes ses agences son soutien à des projets sur « l’environnement, la transition écologique et la cohésion sociale ».
La gestion forestière est réglementée par le Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) qui a dans ses missions de « Contribuer à la protection de l’environnement par la Prise en compte de la biodiversité et des paysages. » « Son action contribue au développement de la gestion durable des forêts privées en Occitanie », « l’agrément des plans de gestion, qui contribuent ainsi à l’activité économique de la filière forêt bois régionale, aux services environnementaux, comme la biodiversité, le stockage de carbone, ou la protection des ressources en eau, et la formation des sylviculteurs. » Pourtant le CRPF aurait validé sur 10 ans 46 % de coupes rases (210ha), un premier plan de gestion retoqué en prévoyait 80 % sur 15 ans.
La « gestion forestière » abusive et industrielle, ce n’est pas seulement en Amazonie, c’est aussi localement dans la Communauté de Commune Cœur et Coteaux du Comminges et pas seulement par la haute finance internationale et « inaccessible » car quatre agences du Crédit Agricole sont présentes dans les 20 kms entourant la forêt.
Présente depuis le XVIIIe siècle sur les cartes forestières, la forêt des sources du Touch est le plus grand massif entre Bouconne, près de Toulouse, et Saint-Bertrand de Comminges. C’est un bien commun que les riverains et usagers sont déterminés à défendre notamment au vu des contradictions flagrantes entre les engagements sociétaux et environnementaux de ces grandes entreprises et leurs pratiques particulièrement douteuses et destructrices.
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