En février les zones humides sont à l’honneur avec la journée mondiale des zones humides instituée sur la signature de la convention Ramsar en 1971, il y a 50 ans. Le développement non durable, la croissance démographique, l’urbanisation et la consommation ont détruits 67% des zones humides métropolitaines au XXe siècle. Pourtant, elles jouent un rôle de premier plan dans le cycle de l’eau, via le rôle d’éponge, de filtre, de tampon face aux évènements climatiques et de réservoir de biodiversité. Aujourd’hui encore elles restent menacées, focus sur la zone humide du Testet dans le Tarn.
Pour connaître d’avantage la zone humide du Testet, sa biodiversité et les fonctions de ce milieu, une balade virtuelle a été réalisée en partenariat avec le Collectif du Testet. Vous pouvez la retrouver sur notre site « Bienvenue en Occitanie », dans l’entrée « Au fils de l’eau » (icônes bleues) située dans le département du Tarn.
Un projet d’aménagement sur la zone humide pour l’irrigation
Le projet initial de barrage, porté par les Conseils départementaux du Tarn et du Tarn-et-Garonne, et la CACG, présenté comme d’intérêt général, était en fait destiné à 70% pour l’irrigation intensive d’une vingtaine de fermes en aval (besoins en eau pour ces cultures qui avaient été surévalués) et pour 30% au soutien d’étiage (dilution de pollution pouvant être réduites à la source). C’était un projet dont le coût environnemental et financier (intégralement sur fonds publics) était très élevé, au profit de pratiques agricoles qui sont une impasse pour les agriculteurs comme pour la société dans son ensemble face aux changements globaux (changement climatique et effondrement de la biodiversité). Il avait été abrogé en 2015 suite à des défrichements illégaux, une expertise du ministère de l’écologie, la mort d’un jeune homme tué par une grenade offensive sur le site et la ténacité des opposants locaux.
Une biodiversité riche qui repeuple la zone humide malgré le délaissement du suivi de la remise en état de la zone
Plus de 6 ans après l’arrêt des travaux de défrichement de la zone, jugés illégaux, la zone humide n’est étonnamment plus répertoriée sur la cartographie des zones humides du département alors qu’elle présente encore les caractéristiques d’un tel milieu. Lors d’une sortie sur le terrain en septembre 2020, notre association, accompagnée de ATTAC 81, Nature En Occitanie et du Collectif du Testet, a observé la présence d’espèces protégées sur le site (couleuvre vipérine, lézard vert, diverses odonates). Mais nous y avons également constaté un délaissement du suivi du site (piétinement du cours d’eau par le bétail, des fossés creusés, la fermeture du milieu et le développement des peupliers avec un risque d’assèchement des sols, …), préjudiciable au bon fonctionnement du milieu. Ces observations posent question quant à la remise en état du site. Contrairement à ce qui était prévu, le comité de suivi ne s’est pas réuni depuis 2018. Il y a pourtant des actions à mener pour remédier au délaissement observé.
Une mobilisation toujours présente pour préserver la zone humide face à un potentiel nouveau projet de barrage
A ce jour, aucun consensus n’a encore été acté concernant le volume des besoins qui pourraient être assurés par de nouveaux ouvrages et le devenir de la zone humide du Testet. Un changement de paradigme est encore possible, c’est pourquoi nos associations demandent :
- La reconnaissance officielle du site du Testet comme zone humide, sa préservation (pas de retenue d’eau sur la zone humide et le cours d’eau, pouvant avoir un impact sur le régime hydrologique du site).
- Une étude actualisée de sa délimitation, de ses fonctionnalités et du retour de la biodiversité du site.
- La remise en état totale de la zone humide, la mise en place de pratiques de gestion adaptées (interdire l’accès des berges aux bovins pâturant sur la zone, gestion des peupliers…), sa mise en valeur.
- Une réflexion autour d’un projet de réserve naturelle régionale englobant la zone humide, une partie de la forêt de Sivens et la maison de la forêt (enjeux de préservation et gestion de la zone humide, d’éducation à l’environnement et au développement durable et d’actions culturelles et ludiques).
- Un accompagnement à la transition agroécologique pour le territoire (des sols vivants ayant de bonnes capacités de rétention en eau), encourager l’adaptation des cultures à leur environnement et la diversification des cultures dont des légumineuses pour l’alimentation humaine et animale (a contrario du maïs qui est une plante tropicale très demandeuse en eau et inadaptée au climat local), ce qui implique des rotations longues. Développer des productions de qualité (réduction voire suppression des intrants).
- Doter le territoire d’équipements nécessaires (atelier de stockage, de transformation, de conditionnement, d’abattage …) pour permettre des débouchés en circuit de proximité répondant aux attentes de la société vis à vis de l’alimentation (approvisionnement des restaurations collectives, etc.), pour créer de la valeur ajoutée pour les agriculteurs et le territoire.
- Actions de communication, de sensibilisation, d’information, d’éducation à l’environnement et au développement durable, participation de citoyens actifs, des chantiers participatifs (plantations de haies …) etc.
- La reconnaissance de la valeur mémorielle du site suite au décès de Rémi Fraisse, jeune naturaliste bénévole opposé au barrage de Sivens, et la remise en place d’une stèle dédiée.
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