La Semaine des alternatives aux pesticides 2020, c’est aussi l’occasion pour FNE Midi-Pyrénées de dresser un état de lieux des actions menées en 2019-2020 !
En Bref
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Les chiffres de la contamination des eaux et de l’air ambiant révèlent une contamination généralisée des milieux ;
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Les ventes de produits phytopharmaceutiques augmentent chaque année en Midi-Pyrénées ;
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FNE Midi-Pyrénées mène de nombreuses actions notamment en justice pour une meilleure protection des cours d’eau, pour la distribution d’une eau potable la moins contaminée possible, et renforce son positionnement pour une sortie totale des pesticides !
Les chiffres de la contamination
Dans l’eau…
Les eaux superficielles du bassin Adour-Garonne sont fortement contaminées, comme le montre cette carte de l’Agence de l’eau Adour-Garonne :
Source : https://evolution-rivieres.eau-adour-garonne.fr/qualite/phytosanitaires
En Midi-Pyrénées, selon les départements, les stations de mesures détectent en moyenne entre 9 et plus de 30 molécules, au premier rang desquelles l’AMPA (un métabolite du Glyphosate), le Métolachlore total, le Glyphosate et l’Atrazine déséthyl (un métabolite de l’Atrazine, dont l’usage a été interdit en France en 2003).
Dans le Tarn, la Haute-Garonne et le Gers, plus de 140 molécules différentes ont ainsi été détectées entre 2012 et 2018. Des résultats pour le moins inquiétants au regard de l’effet cocktail largement méconnu…
Les eaux souterraines n’échappent pas non plus à cette contamination. En 2014, seul l’Aveyron n’a pas connu de dépassement des normes, tandis que la concentration totale en pesticides dans le Gers et le Tarn-et-Garonne dépasse d’un tiers la moyenne nationale.
Source : https://www.data-pesticides.fr/
…Dans l’air
En Occitanie, huit sites font désormais l’objet d’un suivi des produits phytosanitaires dans l’air.
Les premiers résultats publiés sur le territoire du Grand Cahors et le territoire du Lauragais sont édifiants : sur 60 molécules recherchées, une quinzaine de molécules ont été détectées et plusieurs d’entre elles ont même pu être quantifiées. Parmi elles, le Lindane, un insecticide dont l’utilisation a été interdite en 1998, est encore retrouvé dans l’air ambiant.
Une enquête menée par France Nature Environnement Tarn-et-Garonne (FNE82) a également permis de mettre en évidence que le nombre de riverains atteints de certaines maladies augmente à moins de 200 mètres des parcelles traitées.
Et quelle évolution des pratiques ?
Tout comme l’utilisation des pesticides, en constante augmentation, la vente de produits phytosanitaires ne cesse de croître en Midi-Pyrénées, de 1,7 à 12,3 % par an selon les départements.
Evolution des ventes réalisées entre 2008 et 2018 en Midi-Pyrénées : https://professionnels.ofb.fr/fr/doc-dataviz/dataviz-produits-phytosanitaires-en-france
Sans surprise, les produits les plus vendus sont le Glyphosate, le S-Métolachlore et le soufre. Le Tarn-et-Garonne et le Gers représentent de loin la part la plus importante de pesticides vendus, atteignant respectivement 1086 tonnes (soit 5,17 kg/ha de surface agricole utile) et 1947 tonnes (soit 4,39 kg/ha de surface agricole utile) vendues entre 2015 et 2018. Au total, c’est près de 5014 tonnes qui ont été vendues en Midi-Pyrénées durant cette période.
Le bilan dressé par la Cour des Comptes est d’ailleurs sans appel :
« Mis en œuvre depuis 2008, les plans de réduction des usages et des effets des produits phytopharmaceutiques, dits « plans Écophyto », devaient permettre à la France de réduire les risques et les effets de ces produits (communément appelés « pesticides ») sur la santé humaine et sur l’environnement, et d’encourager le recours à des méthodes de substitution. Dix ans après, malgré des actions mobilisant des fonds publics importants, ces plans n’ont pas atteint leurs objectifs ».
La Cour des comptes formule 4 recommandations à destination du Gouvernement, notamment d’introduire, dans les négociations de la nouvelle politique agricole commune (PAC) « un objectif prioritaire de réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques », ainsi que de mettre en place un cadre pluriannuel permettant d’accélérer la mise à disposition des financements destinés au plan Ecophyto.
Pesticides partout, Justice en cours
Pesticides dans les cours d’eau : une première victoire !
FNE Midi-Pyrénées a déposé 8 recours contre les arrêtés préfectoraux portant définition des points d’eau en Midi-Pyrénées.
En effet, ces arrêtés ne respectent pas la définition nationale des points d’eau, et excluent de la réglementation de nombreux écoulements (fossés, cours d’eau, canaux … dont certains se trouvent parfois en site Natura 2000), qui ne sont dès lors plus protégés par une zone de non traitement minimale de 5 mètres.
En ce début d’année 2020, le tribunal administratif de Pau a annulé l’arrêté du Préfet des Hautes-Pyrénées, qui excluait de cette protection tous les canaux bétonnés ou busés, soit plusieurs centaines de kilomètres d’écoulements, et a enjoint au représentant de l’Etat de modifier l’arrêté de manière à le mettre en conformité avec la définition nationale.
Pesticides dans l’eau potable : FNE Midi-Pyrénées et FNE Hautes-Pyrénées déposent un recours contre l’arrêté autorisant la distribution de l’eau contaminée à Ossun
Depuis 2014, la commune d’Ossun distribue de l’eau potable à ses abonnés présentant des teneurs non-conformes en pesticides.
Face à cette situation, la Préfète des Hautes-Pyrénées a autorisé, par arrêté du 13 juillet 2018, la distribution de cette eau contaminée à titre dérogatoire, pendant une durée de 3 ans renouvelable, à la condition de mettre en œuvre des mesures correctives afin de rétablir la qualité de l’eau. Toutefois, les mesures prévues par la commune ne permettront pas de rétablir la qualité de l’eau dans ce délai, comme exigé par le Code de la santé publique.
A l’inverse, la situation ne cesse de se dégrader, puisque le contrôle sanitaire de l’eau du 9 janvier 2019 a révélé un taux en pesticides encore jamais atteint.
Suite au refus de la Préfète des Hautes-Pyrénées de modifier cet arrêté, FNE Midi-Pyrénées et FNE Hautes-Pyrénées ont été contraintes de déposer un recours devant le tribunal administratif de Pau pour voir trancher le litige.
Le positionnement de FNE Midi-Pyrénées : toujours plus de coquelicots !
Face aux tentatives d’intimidation, FNE Midi-Pyrénées renforce son positionnement pour la lutte contre les pesticides.
La journée d’échanges sur la pollution de l’air en lien avec l’agriculture, du 27 juin 2019, et la journée de formation « Eau, milieux aquatiques et pesticides, où en est-on ? », du 6 mars 2020, ont été l’occasion de rencontrer de nombreux acteurs associatifs et institutionnels, et d’approfondir la réflexion sur ces questions.
FNE Midi-Pyrénées a ainsi pu établir un positionnement ferme et sans compromis, voté à l’unanimité lors de l’Assemblée générale qui s’est déroulée le 14 mars 2020, et qui sera prochainement disponible.
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