Vitale aussi bien pour les écosystèmes que pour les activités humaines, l’eau est aussi une ressource menacée. Pour assurer une gestion concertée et durable de l’eau en Garonne Amont, le Conseil départemental de Haute-Garonne et ses partenaires institutionnels ont choisi la voie du Projet de territoire. Cet outil vise à fédérer chaque acteur concerné autour d’une réflexion commune, d’où doit découler un plan d’actions concrètes. Entrepreneur, agriculteur, représentant associatif, habitant, élu local : chaque personne présente sur le territoire est, à un titre ou à un autre, usagère de l’eau. Voici pourquoi chacun est appelé à s’informer, à faire part de son avis et à débattre. Voici la contribution de FNE Midi-Pyrénées à la concertation.
Garonne Amont en bref
Le bassin Garonne Amont recèle une richesse en eau vitale pour le territoire, ainsi que pour ceux situés en aval. Cependant, cette richesse est menacée : elle connaît un déséquilibre croissant entre la ressource disponible d’une part, les besoins des milieux et des divers usages humains d’autre part. Le changement climatique ne pourra qu’aggraver ces pressions.
En réponse à ces enjeux, le projet de territoire Garonne Amont doit définir une gestion durable de la ressource en eau, et notamment établir un plan d’actions, nourri du dialogue citoyen. La décision reviendra ensuite aux élus.
Le périmètre du projet de territoire Garonne amont, désigne le bassin versantBassin versant : Espace géographique drainé par un cours d’eau et ses affluents. Toutes les eaux d’un bassin versant convergent vers le même point de sortie (pour le bassin Garonne-Amont, ce point de convergence marquant la limite du bassin est le confluent Garonne/Ariège à Portet-sur-Garonne). de la Garonne et de ses affluents, depuis la source dans le Val d’Aran jusqu’à sa confluence avec l’Ariège, à Portet-sur-Garonne. Le projet de territoire prend en considération, au-delà de son périmètre géographique, l’aire urbaine de Toulouse, les exportations d’eau via les canaux de Saint-Martory et de la Neste, et plus généralement l’aval de la Garonne.
Contribution de FNE Midi-Pyrénées à la concertation
Dans les années 90, notre fédération (appelée alors Uminate) avait combattu le projet de barrage de Charlas sur la Garonne amont, au côté de ses associations locales : retenue d’eau de 110 millions de mètres cubes sur 600 hectares, « réservoir de soutien d’étiage de la Garonne ». Le projet avait été abandonné en 2007.
Il est à noter que toutes retenues d’eau confondues, ce sont près de 3 milliards de m3 qui sont déjà stockés sur le bassin Adour Garonne, pour deux usages exclusifs, l’hydroélectricité et la compensation des prélèvements agricoles. Pour nous, envisager la création de nouvelles retenues ne doit intervenir qu’une fois les économies d’eau, la connaissance et l’optimisation de l’existant et la reconquête de la qualité écologique et chimique des masses d’eau réalisés. En effet, aucun ouvrage de ce type n’est neutre pour l’environnement, en particulier pour le milieu aquatique.
Gestion et préservation des milieux aquatiques et humides, et de la biodiversité : Il faut reconquérir l’espace de mobilité des cours d’eau pour leur permettre d’exercer leurs fonctionnalités essentielles.Permettre aux sédiments et aux espèces de circuler est également essentiel : les sédiments renouvellent le substrat du cours d’eau, favorise l’épuration de l’eau et le lien nappe–rivière, permettent la différenciation d’habitats et de zones de reproduction pour les espèces aquatiques notamment les poissons ; la Garonne fait partie des axes à poissons migrateurs amphihalins, un patrimoine naturel qu’il est urgent de préserver. Accorder des zones d’expansion de crue au fleuve et cours d’eau du territoire est également à réfléchir et promouvoir pour leur permettre de déborder sans trop impacter les zones à enjeux (zones habitées, zones d’activités).Enfin au regard des services écosystémiques qu’elles nous rendent, notamment face au changement climatique (éponge crues-étiages, épuration de l’eau, captation du carbone…), nous devrions interdire la destruction des zones humides ainsi que restaurer et préserver l’existant. D’autre part, concernant le traitement des rejets des STEP (station d’épuration), des zones tampons végétalisées doivent être mises en place afin de contribuer à la réduire les impacts résiduels de sur le milieu aquatique.
Agriculture : nous portons la demande de la société civile d’évolution du modèle agricole basé actuellement sur l’agro-industrie, polluant (pesticides, nitrates, GES), déconnecté de notre écosystème et destructeur des sols, des milieux naturels et de la biodiversité. Pour nous il est nécessaire d’aller au plus vite vers une agriculture respectueuse du vivant et de l’homme, mais également du cycle naturels de l’eau, en appuyant massivement la transition agro-écologique sans pesticides de synthèse et l’agriculture biologique paysanne. Les cultures réputées gourmandes en eau, en particulier à l’étiage, ne pourront perdurer dans le contexte du changement climatique. Idem pour la monoculture qui est une aberration écologique.
Industrie et l’énergie : bien que peu consommatrices d’eau l’industrie et l’énergie en sont néanmoins largement dépendantes. Ainsi les industriels doivent innover pour aller sur des circuits de l’eau fermés, où l’eau nécessaire est recyclée et réutilisée au maximum.Concernant l’énergie, Golfech ne peut se passer d’eau. Or le changement climatique entraine une pression sur l’enjeu de refroidissement de la centrale. La vraie question est donc pour nous de réfléchir au plus vite à une sortie du nucléaire dans ce contexte climatique, avant que des problèmes graves n’adviennent. Enfin, l’hydroélectricité, énergie renouvelable qui n’est pas sans impacts sur les milieux aquatiques, a permis le stockage de gros volumes en amont. Des conventions de soutien d’étiage ont déjà été négociées. Pour nous ces négociations devraient pouvoir se réitérer quel que soit l’avenir des concessions hydroélectriques afin de garantir les usages prioritaires définis par la loi (art. L211-1 du code de l’environnement) en cas de grande sécheresse, car l’eau est bien commun de la nation. Par ailleurs, nous nous opposons au développement de la petite hydroélectricité qui occasionne plus d’impacts sur les milieux, notamment sur des habitats à forte valeur écologique jusque-là préservés, qu’elle ne génère d’énergie.
Aménagement du territoire, activités de tourisme : une réflexion pragmatique doit être menée sur l’aménagement du territoire et l’urbanisation au regard de l’évolution démographique tendancielle et du changement climatique. Il nous faut inventer un autre aménagement du territoire, la question de l’usage des sols et de leur qualité est centrale : développer l’habitat léger à moindre impact sur l’usage du sol, désimperméabiliser les villes et lutter contre les îlots de chaleur (retour de la végétation en ville, ce qui sera positif pour favoriser l’infiltration de l’eau mais également pour la biodiversité et la qualité de vie des urbains), couvrir les sols des bassins versant de végétation (couverts végétaux, prairies, haies, arbres en agroforesterie, bocage…). Par ailleurs, concernant les activités touristiques, certains enjeux sont à prendre en compte dès à présent :
- l’enneigement artificiel est une solution à court terme, « une mal-adaptation » au changement climatique pour pallier le manque de neige naturelle qui risque d’aller croissant. Les investissements pour conserver les sports d’hiver seront donc de plus en plus lourds financièrement et leurs conséquences environnementales de plus en plus étendues.
- Les activités d’été sur les cours d’eau (kayaking, canyoning, ruisseling,…) doivent être pensées dans le respect des milieux aquatiques et de la biodiversité y vivant. Nous recommandons fortement que les professionnels soient formés et qu’une sensibilisation soit faite aux clients sur ces différents enjeux avant l’activité.
Lire la contribution de FNE Midi-Pyrénées à la concertation Garonne Amont
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