Le 14 avril l’ORAMIP, association agréée pour la surveillance de la qualité de l’air en Midi-Pyrénées, rendait publics les résultats d’une étude concernant l’évaluation de la composition du compartiment aérien en phytosanitaires, sur deux territoires à topographie et conditions ambiantes différentes, l’un en zone de grandes cultures en Haute-Garonne, l’autre en zone urbaine à Auch.
http://oramip.atmo-midipyrenees.org/actus
Une surveillance à étendre géographiquement et à rendre pérenne
Chaque français, française absorbe des phytosanitaires par son alimentation, par son eau de boisson mais aussi en respirant. Pour avoir une idée plus réelle de cet apport, caractériser la présence de phytosanitaires dans l’air est donc important.
Aujourd’hui, il n’y a pas de fondement réglementaire, ni en France ni eu Europe, concernant la surveillance des phytosanitaires dans l’air. C’est pourquoi l’Etat français, aujourd’hui, n’apporte aucun financement des AASQA pour cette surveillance. Cette étude, sur une durée d’une année, a pu avoir lieu grâce à la participation financière de deux Conseils départementaux.
Pour FNE Midi-Pyrénées, il est important que cette surveillance ait lieu dans la durée, sur des sites fixes, et donc avec des financements pérennes. Nous espérons que, compte tenu :
- du Plan national santé environnement 3 (action 29) ,
- des engagements de l’Etat dans la feuille de route gouvernementale de février 2015 suite à la Conférence environnementale de 2014,
- de la recommandation de la Cour des comptes dans son rapport de décembre 2015 « Les politiques publiques de lutte contre la pollution de l’air » ,
cette surveillance des phytosanitaires dans l’air devienne obligatoire avec un financement pour partie de l’Etat.
Nous souhaitons aussi que cette surveillance des phytosanitaires soit, dès à présent, incluse dans le projet « Ville respirable » de la Métropole toulousaine.
Des effets sanitaires qui doivent motiver l’action
Caractériser la présence de phytosanitaires dans l’air est nécessaire pour savoir la réalité des choses mais aussi pour fonder des actions et en mesurer l’efficacité. Rappelons que les effets sanitaires des phytosanitaires, même si nous ne savons pas tout, ont été caractérisés dans le cadre d’une expertise collective de l’INSERM (juin 2013) : « D’après les données de la littérature scientifique internationale publiées au cours des 30 dernières années et analysées par ces experts, il semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte : la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non hodgkinien, myélomes multiples). Par ailleurs, les expositions aux pesticides intervenant au cours des périodes prénatales et périnatale ainsi que lors la petite enfance semblent être particulièrement à risque pour le développement de l’enfant. »
Des avancées à concrétiser
La loi dite « Labbé »(loi n°2014-110 du 06/02/2014) , modifiée par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (loi n°2015-992 du 17/08/2015 article 68) a un triple résultat. L’épandage aérien des produits phytosanitaires et l’épandage terrestre à proximité des lieux accueillant des publics sensibles sont désormais interdits. Les institutions publiques ne pourront plus utiliser de produits phytosanitaires dans les espaces verts, forêts et promenades ouverts au public au 1er janvier 2017. Pour les particuliers, la vente en libre-service de ces produits sera interdite au 1er janvier 2017 avant une interdiction totale au 1er janvier 2019 concernant la mise sur le marché, la délivrance, l’utilisation et la détention.
Par une instruction du 3 février dernier, Ségolène Royal a demandé aux préfets :
- de prescrire des mesures de protection des populations lors des épandages de produits phytosanitaires ;
- de fixer, à proximité des lieux recevant ou hébergeant des personnes vulnérables (enfants, personnes malades, personnes âgées), des distances minimales adaptées en deçà desquelles il est interdit d’utiliser ces produits ;
- d’engager des plans de contrôles ciblés dès le second trimestre 2016, période où la fréquence des épandages de produits phytopharmaceutiques est la plus forte.
Compte tenu des enjeux de santé publique, FNE Midi-Pyrénées attend de voir mis en œuvre, par les préfets de notre région, les actions demandées par la Ministre.
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