Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, l’Etang du Moura en Armagnac, vaste espace naturel de 37 hectares récemment acquis par le Conseil Général du Gers pour en faire une zone écologique pédagogique, a été victime d’un saccage environnemental et d’actes violents de vandalisme. La piste agricole semble privilégiée. Pour les associations de protection de l’environnement et les producteurs bio il est temps de réfléchir à un autre modèle agricole.
Désastre environnemental et mise en danger de la population en Armagnac
La vanne du lac a été cassée, provoquant l’assèchement quasi-intégral du lac de 17 hectares (soit 100.000 m3 d’eau) situés en zone Natura 2000, et la mort de milliers d ‘alevins, carpes, anguilles, ainsi que des tortues dont la cistude d’Europe, espèce protégée. Des risques inconsidérés pour les populations humaines ont également été pris par les auteurs de ces actes, qui n’ont pas hésité à détruire par le feu un bâtiment patrimonial situé à proximité immédiate de la forêt de 20 hectares du même site, en pleine période de canicule et sans aucun égard pour le risque majeur d’incendie. Les deniers publics et l’intérêt collectif ont eux aussi été piétinés, le coût de réparation de ces déprédations sera très important. Il est impératif que la justice identifie les coupables, car l’impunité n’aboutirait qu’à une radicalisation grandissante !
Agriculture : les problèmes soulevés
Il est fort triste que la première piste identifiée par les acteurs locaux soit la « piste agricole ». Le mécontentement aurait été alimenté par les récentes restrictions sur l’irrigation en raison de la sécheresse.
Car ces actes sont isolés mais se multiplient dans le Gers (épisode à Riscle en juillet, à Auch depuis le début d’année), et ils jettent une fois de plus le discrédit sur la totalité de la profession agricole, dont l’image risque d’être une nouvelle fois victime des agissements d’une minorité.
Ces actes posent des problèmes de fond : Jusqu’où va se prolonger l’absurde situation agricole actuelle dans le Sud-Ouest, où la culture du maïs irrigué, alimentée par la spéculation sur les prix agricoles, fait perdre le sens commun à certains et fragilise les autres ?
FNE Midi-Pyrénées, Les Amis de la Terre 32 et le Gabb32 craignent que cet événement ne soit exploité pour justifier la création de nouvelles retenues d’eau. Ils rappellent que le stockage de l’eau, le maintien du maïs irrigué, culture tropicale qui a besoin d’eau en période estivale sèche, ne sont pas des solutions face aux épisodes répétés de sécheresse et au changement climatique. Seule une adaptation de notre agriculture vers de réelles économies d’eau et la prise en compte des fonctionnalités des sols et des milieux aquatiques permettront de gérer les problèmes de gestion quantitative de l’eau sur le bassin. Cela passe par des changements de pratiques et de systèmes (agroécologie, agroforesterie), une diversification des assolements vers des cultures moins gourmandes en eau et un allongement des rotations.
C’est pourquoi elles attendent de l’Etat et des collectivités la mise en place d’une instance de réflexion sur l’évolution de l’agriculture dans le Sud-Ouest et particulièrement dans le Gers, département très fragilisé sur la ressource en eau, notamment en zone de monoculture de maïs irriguée. Une instance qui soit réellement représentative de toutes les parties prenantes : société civile, consommateurs d’eau potable et représentants de toutes les formes d’agricultures…
Vite, le temps presse pour nos ressources en eau, nos milieux aquatiques, notre agriculture, et plus globalement pour l’avenir de notre territoire !
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