Puisque, face à la sécheresse, qui s’annonce chronique dans les années à venir, la tendance est à la « création de retenues d’eau » artificielles, le collectif FNE Adour-Garonne prône par opposition la « création de réserves en eau naturelles » ou plus exactement leur reconstitution. Ou comment mettre en avant les capacités des milieux aquatiques et des sols à stocker l’eau et à la restituer …
Construire des retenues d’eau artificielles … une gestion de l’eau à court terme !
« Après des années d’assèchement de zones humides et de drainage de parcelles, d’arrachage de haies, de mise à nue de terres en hiver, et pour les cours d’eau, d’extraction de graviers dans le lit mineur, d’enrochement de berges, de chenalisation, recalibrage et endiguement pour accélérer l’écoulement… les milieux aquatiques et les sols ont perdu leur capacité de stockage de l’eau et d’échange avec les nappes souterraines», souligne Jacques Brie, administrateur de Poitou-Charente Nature et vice-président de Charente Nature. « Nous sommes tout simplement en train de briser les dynamiques du cycle de l’eau, et c’est le résultat de politiques de soumission du milieu naturel aux usages de l’homme au lieu de vivre en bonne intelligence avec lui. La construction de retenues artificielles s’inscrit complètement dans ce modèle et ne constitue qu’une gestion à court terme au problème de la ressource en eau. »
D’autre part, plusieurs questions se posent quant à ces retenues artificielles : Quel bilan pour les quelques 40 barrages et 1900 retenues déjà construites en Adour-Garonne depuis 25 ans ? Comment seront remplies toutes ces retenues en cas de déficit pluviométrique hivernal chronique ? Quel coût pour ces retenues destinées en grande partie à quelques irrigants, et payées par qui1? Et dans 25 ans, quel sera le nouveau pansement aux problèmes de gestion quantitative de la ressource en eau en Adour-Garonne ?
Favoriser le rôle d’éponge des milieux aquatiques et des sols … pour une gestion intégrée et durable de la ressource en eau.
Une autre approche plus durable pour l’homme et les milieux aquatiques existe. Il s’agit de permettre aux milieux aquatiques et aux sols d’exercer leurs fonctionnalités naturelles : ce rôle d’éponge qui se gonfle quand il y a de l’eau et la restitue progressivement, ce rôle de réserve d’eau naturelle !
Cela passe par une approche intégrée de l’eau sur les territoires : reconquête de l’espace de mobilité des cours d’eau, restauration et préservation des zones humides, réflexion sur la place de l’arbre et des haies dans le cycle de l’eau, diffusion des pratiques et systèmes agronomiques qui valorisent le stockage de l’eau dans les sols notamment grâce à l’humus (cultures sous couvert végétal permanent, agriculture biologique…).
« Privilégier et favoriser le stockage naturel de l’eau dans le sol et les milieux aquatiques : c’est à cette condition que nous pourrons TOUS faire face aux aléas du changement climatique », affirme Rémi Martin, Président de FNE Midi-Pyrénées.
Cette gestion intégrée des ressources en eau et milieux aquatiques est l’ambition du Collectif FNE Adour-Garonne pour le Xe programme d’interventions de l’Agence de l’eau Adour-Garonne.
1. Jusqu’à 80% d’argent publique (aides AEAG, fonds européens et subventions des Conseil Régionaux et Généraux cumulables)!!! Réglementairement, une part résiduelle d’autofinancement d’au moins 20% doit rester à la charge du maître d’ouvrage.Face à l'urgence écologique, aidez-nous à agir en toute indépendance.
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