La France est le dernier pays d’Europe occidentale à chasser le grand tétras, ou coq de bruyère. Une « Stratégie Nationale en faveur du Grand Tétras » a été élaborée en 2009 et 2010 pour sauver l’espèce, mais le ministère de l’Écologie, dans la version soumise à consultation publique en cours jusqu’au 8 juillet 2011, a retenu, pour le volet chasse, une rédaction très néfaste à l’avenir du grand tétras et qui n’a jamais été discutée au sein du Comité de suivi de la Stratégie
L’avenir du grand tétras en France est compromis.
Ce grand oiseau de nos forêts voit ses effectifs régresser de manière continue depuis une trentaine d’années. En cause : les modifications et la fragmentation de son habitat, les dérangements liés aux activités humaines, dont le tourisme et la chasse, et certaines pratiques sylvicoles ou encore les premiers effets des changements climatiques. Face à ces menaces, il convenait de mettre en place une stratégie nationale en faveur du grand tétras qui, pour chaque menace identifiée, aurait donné les priorités d’actions.
Un arbitrage en faveur du pire
Suite à un appel d’offre, la rédaction de la stratégie a été confiée à la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) qui a remis au ministère un document équilibré et novateur. Malheureusement, les associations constatent que la version de la stratégie mise en consultation par le ministère retient les options les plus défavorables sur deux points cruciaux pour l’avenir du coq : pour le volet chasse, un plan de gestion des populations inventé par le Ministère, fixé et contrôlé par :
- les chasseurs eux-mêmes,
- pour le volet sylvicole, une définition de l’« habitat favorable au tétras » erronée et contestée par tous
- les spécialistes.
Le ministère de l’Ecologie entérinerait ainsi une situation où les excès de « prélèvements » vont perdurer de manière inacceptable : à population de Grands Tétras égale, les chasseurs des Hautes Pyrénées ont tué « légalement » ces dix dernières années, 70 fois plus de Grand Tétras que les chasseurs des Pyrénées Orientales.
Le Groupe Tétras France et les associations signataires dénoncent le choix scandaleux opéré par le ministère visant à faire valider une stratégie qui nuira gravement au grand tétras. « Après le renoncement au renforcement de la population d’ours, ce choix de ne pas limiter plus sévèrement les prélèvements de coq et de définir de manière laxiste son habitat, laisse poindre un doute, plus largement, sur les orientations de la stratégie nationale pour la biodiversité ».
Les associations signataires étudient actuellement les suites qu’elles entendent donner à ce mauvais coup de plus porté au grand tétras et au-delà, à la protection des espèces en danger.
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