L’évacuation médiatisée d’une montagne de déchets à Limeil-Brévannes (94) braque les projecteurs sur un cas de stockage illégal de déchets. France Nature Environnement et deux de ses associations membres, Ile-de-France Environnement et FNE Midi-Pyrénées dénoncent l’existence de dizaines d’autres sites illégaux, qui mettent en danger la santé des riverains, la qualité de l’eau, de l’air et des sols.
La société LGD a reçu une autorisation en 2002 pour exploiter un site de transit des déchets de chantiers à Limeil-Brévannes. Il s’est avéré par la suite qu’elle recevait toute sorte de déchets (déchets organiques, plastiques, métal, voire des déchets dangereux…) qui, loin de « transiter » pour une période limitée, se sont accumulés pendant neuf ans.
Limeil-Brévannes n’est pas un cas isolé
La société LGD à Limeil-Brévannes, La société BMR et la société Paté SAS à Villeparisis, la société Gerléro à Saint Alban et Bessens [1] …Cette liste n’est pas exhaustive, les 1200 inspecteurs des installations classées pour la protection de l’environnement n’étant pas en mesure de contrôler les 500 000 installations classées françaises. C’est pourquoi, les entreprises peuvent parfois continuer à exploiter une activité sans autorisation ou avec des autorisations n’ayant rien à voir avec la réalité de cette activité.
Gestion des déchets : terril en la demeure !
Le nettoyage et la dépollution du site de LGD à Limeil-Brévannes coûtera environ 20 millions d’euros aux contribuables. Lors de son déplacement sur le site, la ministre de l’environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet, a annoncé le renforcement des obligations de garanties financières en la matière. Si cette mesure permettrait de faire payer les exploitants et non plus les citoyens, ce qui est préférable, elle n’empêchera les atteintes à l’environnement et la mise en danger des riverains.
Pour Pénélope Vincent-Sweet, pilote du réseau déchets de France Nature Environnement, « Aujourd’hui, ce sont très souvent les associations de protection de l’environnement, les riverains ou les employés de ces sociétés qui jouent un rôle d’alerte quand les inspecteurs des installations classées n’ont pas les moyens de
contrôler efficacement les installations soumises ou lorsqu’on laisse des situations critiques perdurer. Renforcer les garanties financières c’est bien, mais le faire sans renforcer les moyens de contrôle, c’est résoudre partiellement le problème. »
Pour Michel Riottot, président d’Ile-de-France Environnement : « Ce sont les départements de la grande couronne francilienne qui servent d’exutoire aux déchets industriels et commerciaux puis aux déchets ménagers dans les centres d’enfouissements. Rien qu’en Seine et Marne, sept nouvelles demandes de zones
d’enfouissement viennent d’être déposées auprès de la préfecture de Melun. Réduction, réutilisation et recyclage doivent être la priorité des priorités en matière de gestion des déchets alors que l’enfouissement ou l’incinération est la solution de facilité et une manne financière pour les entreprises spécialisées. »
Bruno Genty, président de France Nature Environnement ajoute : « Une fois que l’infraction est constatée, les riverains et les associations attendent parfois des années avant que la préfecture ne prenne des sanctions. La préfecture demande parfois une simple régularisation de la situation. Nous attendons une meilleure réactivité des services de l’Etat. Les préfectures ne peuvent pas s’incliner devant le fait accompli.»
[1] La société BMR a déposé une demande d’autorisation en 2010 pour exploiter une plateforme de traitement de déchets végétaux à Villeparisis (77). En réalité, elle réceptionne des déchets non dangereux et non inertes (bois, cartons, plastiques ferraille) sans autorisation et sans aucun encadrement en matière de protection des sols et des eaux. Toujours à Villeparisis, la société Paté SAS a reçu une autorisation en 2000 pour exploiter une station de transit de verres alors qu’elle reçoit notamment des verres de tubes cathodiques de téléviseurs, qui sont des déchets dangereux. La société Gerlero et Fils est une entreprise de démolition qui avait le droit de stocker temporairement des déchets du BTP à Saint Alban (31). Un contrôle a permis de révéler qu’elle stocke des déchets amiantés de manière totalement illégale. Il semble en être de même sur le site de l’ancienne carrière à Bessens (82) où a été détectée la présence de plusieurs types de déchets dangereux (goudrons, déchets amiantés, plastiques…) stockés à quelques mètres de la nappe phréatique, en toute illégalité aussi.
Face à l'urgence écologique, aidez-nous à agir en toute indépendance.
Votre contribution donne droit à une réduction fiscale de 66% du montant du don.