La sécheresse qui frappe le pays depuis le début du printemps gagne notre région. Les premières
restrictions de prélèvement ont été annoncées en début de semaine dans le Lot et dans le Gers.
Le manque d’eau est accentué par des températures supérieures de 4 à 5°C aux normales
saisonnières. Le spectre de la grande sécheresse de 1976 et de la canicule de 2003 réapparaît.
Face à la menace, France Nature Environnement Midi-Pyrénées, fédération régionale des
Associations de Protection de la Nature et de l’Environnement, réaffirme le besoin pressant de
développer une agriculture moins consommatrice d’eau. Explication.
L’irrigation est l’usage le plus consommateur en eau
Les prélèvements agricoles dans notre région représentent environ 85% des prélèvements d’eau
en été. Cette pression sur les nappes phréatiques est d’autant plus problématique que les ¾ de la
région est caractérisée par une insuffisance chronique des ressources en eau par rapport aux
besoins. La sécheresse précoce de ce début d’année accentue le phénomène et FNE Midi-
Pyrénées tire la sonnette d’alarme : la ressource en eau et les milieux aquatiques de notre région
sont en danger !
La solution est-elle dans la construction de réserves de stockage en eau ?
Pourquoi ne pas retenir davantage l’eau en hiver, quand elle est disponible et abondante et ainsi
répartir les prélèvements d’eau, notamment pour l’irrigation, sur l’ensemble de l’année ? Cette idée
paraît, a priori, tout à fait sensée. Et pourtant, force est de constater, après plusieurs décennies de
politique « pro-stockage », que cette solution est une « vraie/fausse bonne idée » : 1900 retenues
et 40 barrages construits en 25 ans sur le bassin Adour-Garonne n’ont pas réussi à résoudre le
manque d’eau. Au contraire, les assecs de rivière se sont aggravés et le changement climatique
ne pourra qu’accentuer encore cette situation. Qui va prendre la responsabilité d’engager de
l’argent public qui se raréfie dans des ouvrages inadaptés, ne servant qu’à maintenir le modèle
d’agriculture intensive actuel ?
Il y a urgence à faire appliquer la politique des Volumes Prélevables
La Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) de 2006 définit la notion de « volumes
prélevables », c’est-à-dire la quantité d’eau que le milieu est capable de fournir dans des
conditions écologiques satisfaisantes. FNE Midi-Pyrénées soutient l’application de cette loi qui
consiste à adapter les usages aux capacités naturelles du milieu, et non les ressources aux
besoins d’une partie des agriculteurs. Parmi eux, certains refusent ces quotas d’irrigation et
bloquent avec force l’application de la LEMA, lui préférant la construction de réserves de stockage.
Cette fuite en avant, motivée par le refus de considérer que la ressource est limitée, est de plus en
plus insoutenable.
Nous sommes au pied du mur : un changement de pratiques agricoles s’impose
Alors comment tendre vers une agriculture rentable, responsable, à même de répondre aux besoins de production agricole tout en préservant les ressources en eau ? FNE Midi-Pyrénées le répète depuis des années : nous devons rapidement avancer vers de meilleures pratiques culturales et agronomiques de gestion de l’eau et des sols. Les alternatives à l’agriculture intensive sont multiples, opérationnelles et rentables : semis sous couvert végétal, haies et agroforesterie, choix de variétés moins gourmandes en eau, rotations de cultures avec le développement des protéagineux…, autant de techniques éprouvées qui permettent d’économiser l’eau, d’améliorer les revenus agricoles et de réenrichir les sols en humus (donc de stocker l’eau mais dans les sols). Il est de notre responsabilité collective d’accompagner et d’amplifier ce changement, en phase avec les enjeux et les demandes sociétales du XXIème siècle.
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